mardi 22 septembre 2015

Quelques acquisitions pour commencer cette saison

Boussole de Mathias Enard

Insomniaque, sous le choc d'un diagnostic médical alarmant, Franz Ritter, musicologue viennois, fuit sa longue nuit solitaire dans les souvenirs d'une vie de voyages, d'étude et d'émerveillements.
Inventaire amoureux de l'incroyable apport de l'Orient à la culture et à l'identité occidentales, Boussole est un roman mélancolique et enveloppant qui fouille la mémoire de siecles de dialogues et d'influences artistiques pour panser les plaies du présent.




Bleu de travail de Thomas Vinau

Une chronique du temps qui passe exprimant les aléas du quotidien laborieux et les petits bonheurs rares qui s'y insèrent. Le récit évoque l'importance de choses paraissant insignifiantes, survenant à l'improviste, et pouvant bouleverser l'équilibre.



Ce pays qui te ressemble de Tobie Nathan

C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que sa soeur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant, espérant et souffrant.

Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses. Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la poussée des Frères musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir… C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diable.



Corps désirable de Hubert Haddad

C’est un sujet fascinant dont s’empare ici Hubert Haddad. Un célèbre neurochirurgien s’apprêterait à effectuer une greffe inouïe : transplanter la tête d’un homme sur le corps d’un autre…
Journaliste engagé, en lutte ouverte contre les trusts pharmaceutiques et les mafias de la finance, Cédric Allyn-Weberson vit avec Lorna une passion entière, charnelle, amoureuse. Jusqu’au jour où il se trouve confronté à une violence radicale, celle de perdre accidentellement l’usage de son corps. Se met alors en branle une machine infernale.
Roman au suspense continu, Corps désirable captive par la magie d’une écriture lumineuse qui donne à éprouver intimement les sensations les plus subtiles des personnages – questions lancinantes de l’amour, de l’incarnation du désir et des illusions de l’identité.

Face aux questions éthiques et existentielles soulevées par une actualité brûlante, entre extravagances de la science et quête d’identité, Hubert Haddad pousse la fiction-vérité dans ses ultimes retranchements.
Plus que jamais, avec Corps désirable, l’auteur de Palestine ou du Peintre d’éventail nous bouleverse et nous emporte. Et c’est sans doute la marque de son œuvre que de recourir aux pouvoirs de l’imaginaire pour saisir sur le vif la complexité et les ambiguïtés d’une époque.




Délivrances de Toni Morrison
  
Lula Ann Bridewell, fille de "mulâtres au teint blond", est si noire de peau à la naissance que sa mère, Sweetness, n'éprouve pour elle que du dégoût. Son père, ne la croyant pas de lui, quitte le domicile conjugal. Sweetness ("Douceur") élève durement - et sans jamais cacher sa répugnance - la fillette, prête à tout pour que sa mère daigne la toucher. C'est seulement quand Lula Ann fait un faux témoignage contre une institutrice accusée de pédophilie que Sweetness, fière qu'elle ait contribué à faire incarcérer une Blanche, lui prend la main. L'accusée est condamnée à vingt-cinq ans de prison. Quinze ans plus tard, Lula Ann s'est transformée. Elle est désormais "Bride" ("future épouse" ou "jeune mariée") et, sur les conseils d'un coach, ne porte plus que des vêtements blancs, comme autant de costumes soulignant sa noirceur et sa beauté. Sensuelle et épanouie, elle entame une brillante carrière dans le secteur des cosmétiques et élabore sa propre ligne de produits : TOI, MA BELLE. Lors d'une conversation avec son amant Booker, elle dit envisager d'aller voir Sofia Huxley, l'institutrice inculpée, dès sa mise en liberté conditionnelle. Si Booker ignore qu'elle a témoigné à tort, Bride ignore qu'il a perdu un frère, victime d'un pédophile ; d'où son incompréhension lorsqu'il la quitte. Bride aborde Sofia Huxley à l'instant même de sa sortie de prison, mais sans succès ; elle décide donc de la suivre jusqu'au motel où elle choisit de passer sa première nuit de liberté. Quand Bride, chargée de cadeaux, va la trouver dans sa chambre et dit qui elle est, Sofia Huxley la frappe avec une telle violence qu'elle mettra longtemps à se rétablir, non sans l'aide de sa blonde amie et collègue Brooklyn. Parmi le courrier en souffrance, Bride découvre une facture adressée à Booker. Le magasin qui l'a envoyée lui indique qu'elle pourrait le retrouver chez "Q. Olive", à Whiskey. Bride entreprend le trajet, mais est victime d'un accident de voiture. Au terme d'une nuit passée dans son véhicule, elle aperçoit face à la vitre une petite fille fascinée par sa couleur de peau, qu'elle n'a certainement jamais vue : c'est Rain, ainsi baptisée pour avoir été recueillie "sous la pluie" par Steve et Evelyn. Rain va chercher Steve ; le couple héberge Bride et la soigne pendant un mois, dans ce qui semble un ancien atelier dépourvu d'équipements modernes. Les liens que Bride tisse peu à peu avec ses trois sauveurs lui enseignent un mode de vie dépouillé, mais lui font aussi gagner la confiance de Rain : celle-ci lui confie avoir été mise à la rue par une mère qui la prostituait. Une fois sa cheville guérie, Bride se rend chez Queen Olive, qui n'est autre que la tante de Booker. Cette "Reine", cuisinière hors-pair aux cheveux roux flamboyant, lui offre à dîner et la prépare à sa rencontre avec Booker, qui habite non loin, en lui révélant certains aspects de sa personnalité. Les retrouvailles sont marquées par une violente dispute durant laquelle chacun s'explique : Booker a quitté Bride car il la croyait compatissante envers une femme perverse, alors qu'il souffre encore de l'assassinat de son frère Adam par un pédophile ; Bride avoue avoir menti au tribunal pour tenter de gagner l'affection de sa mère. Peu après, la maison de Queen prend feu. Queen meurt à l'hôpital, mais le couple s'est réconcilié : Bride a exorcisé son mensonge et Booker s'est enfin libéré du souvenir d'Adam, qui l'étouffait. Bride annonce alors à Booker qu'elle est enceinte de lui. Dans son onzième roman, qui se déroule à l'époque actuelle, Toni Morrison nous fait entendre la voix d'hommes et de femmes aux relations dictées par leurs traumatismes, mensonges ou vérités cachées, mais aussi par une forme de racisme qui dénature les rapports familiaux. L'ouvrage n'est pas pessimiste pour autant. Entre les notes toujours réconfortantes du jazz et les échos de l'enfance maltraitée, l'humour a néanmoins sa place. Roman dont la concision n'a d'égale que la richesse, Délivrances s'ouvre sur une naissance vécue comme un évènement.


J'ai vu un homme de Owen Sheers
Michael Turner pénètre en leur absence dans la maison de ses amis londoniens, Josh et Samantha Nelson. Il déambule de pièce en pièce, s'attardant sur les photos de famille. Un bruit vient interrompre cette étrange inspection : il découvre le corps sans vie de la petite fille du couple. Le doute plane : est-il un simple témoin ou un redoutable manipulateur ? Car Michael est un personnage énigmatique : il a quitté New York après le décès de sa femme, Caroline, journaliste tuée au Pakistan. Il agit toujours en ami parfait, attentionné. Presque trop. Que cache cette façade lisse ? Est-ce sa manière à lui d'oublier le chagrin ? Un autre mystère entre en scène : depuis peu, Michael reçoit des lettres signés d'un certain Daniel McCullen, qui dit être responsable de la mort de Caroline. Que veut-il et pourquoi éprouve-t-il le besoin de se confesser ? J'ai vu un homme est un roman époustouflant de maîtrise, qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Dans la lignée de Ian McEwan ou Paul Auster, Owen Sheers mêle la sphère intime et une réflexion plus vaste sur notre monde globalisé.


L'Exercice de la médecine de Laurent Seksik   

Léna Kotev, cancérologue à Paris, est issue d'une longue lignée de médecins : Pavel Alexandrovitch exerçait dans la Russie tsariste, Mendel était professeur dans le Berlin des années 1920, Natalia avait été victime de l'affaire du complot des blouses blanches sous Staline. Elle rêve de se soustraire à cette légende familiale mais il n'est pas facile d'échapper à son destin.


L'orage de Clara Arnaud

A la veille d'un sommet international, l'orage monte dans la moiteur des rues défoncées de Kinshasa. Un enfant des rues croise la route d'une brigade en patrouille, et l'anonymat urbain explose en un chaos de drames individuels. Li, un homme d'affaires chinois, découvre la profondeur de son attachement pour Merveille, sa compagne congolaise, au moment où il risque de la perdre. Peter, haut fonctionnaire de l'ONU, a laissé les désillusions l'éloigner de sa vocation humanitaire. Désiré vit au jour le jour, en bande, le ventre creux et l'esprit embrumé. Nostalgique des collines de son enfance, Mado a trouvé refuge auprès de l'église évangélique. Et puis il y a Kinshasa, Kinshasa à la saison des pluies, Kinshasa crépusculaire et envoûtante sous la colère qui gronde.



La carte des Mendelssohn de Diane Meur

Au retour d'un séjour marquant à Berlin, Diane Meur, fidèle à son goût pour les filiations, décide de mener l'enquête sur Abraham Mendelssohn, banquier oublié de l'histoire, qui servit de pont entre le Voltaire allemand et un compositeur romantique plus précoce encore que Mozart. Mais comment ne pas remonter d'abord à l'origine, à Moses, le petit infirme du ghetto, qui à onze ans maîtrisait Torah et Talmud, à quatorze ans partit seul sur les routes rejoindre à Berlin un professeur bien-aimé ? Comment, en pleines années 2010, ne pas se passionner pour cet apôtre de la tolérance, grand défenseur de la liberté de culte et d'opinion ? Et, accessoirement, père de dix enfants dont le banquier Abraham n'était que le huitième... Happée par son sujet, l'auteur explore cette descendance, la voit s'étendre au globe entier et aux métiers les plus divers, jusqu'à une ursuline belge, des officiers de la Wehrmacht, un planteur de thé à Ceylan. Même quand on est, comme elle, rompue aux sagas familiales d'envergure, impossible de tenir en main cette structure : l'arbre généalogique se transforme en carte, La Carte des Mendelssohn, qui envahit d'abord la table de son salon, puis le projet lui-même. Le roman devient dès lors celui de son enquête, une sorte de Vie mode d'emploi où la famille tentaculaire apparaît comme un résumé de l'histoire humaine. La romancière nous enchante par ses libres variations sur les figures les plus tragiques ou les plus excentriques, tout en nous dévoilant ses sources, sa chronologie, et en mêlant sa propre vie à la matière de son livre. Tour de force d'un écrivain qui jamais ne perd le nord, La Carte des Mendelssohn finit par mettre à mal toute idée de racines, et par donner une image du monde comme un riche métissage où nous sommes tous un peu cousins. Il est urgent de lire Diane Meur.



La dernière nuit du Raïs de Yasmina Khadra

Longtemps j'ai cru incarner une nation et mettre les puissants de ce monde à genoux. J'étais la légende faite homme. Les idoles et les poètes me mangeaient dans la main. Aujourd'hui, je n'ai à léguer à mes héritiers que ce livre qui relate les dernières heures de ma fabuleuse existence. Lequel, du visionnaire tyrannique ou du Bédouin indomptable, l'Histoire retiendra-t-elle ? Pour moi, la question ne se pose même pas puisque l'on n'est que ce que les autres voudraient que l'on soit. " Avec cette plongée vertigineuse dans la tête d'un tyran sanguinaire et mégalomane, Yasmina Khadra dresse le portrait universel de tous les dictateurs déchus et dévoile les ressorts les plus secrets de la barbarie humaine.



La femme qui pleure de Zoé Valdés

« Peut-etre voulait-elle sous le poids des souvenirs et de la solitude s'eloigner des anciennes extravagances parisiennes. Effacer par un voyage toute une vie. »Photographe et peintre surrealiste au style insolite et derangeant, Dora Maar va croiser la route de Pablo Picasso. A ses cotes, elle va incarner la Femme qui pleure ; ce celebre portrait qui temoigne de sa deconstruction dans l'ombre du genie auquel elle avait voue sa vie. Amante, muse et victime de l'artiste, Dora Maar, quelques annees apres sa rupture avec Picasso, decide de passer quelques jours a Venise. Dans le dedale des rues de la cite des Doges, Dora, muse abandonnee, artiste inaccomplie, retrouvera-t-elle le chemin de sa vie de femme ? A l'issue de cet ultime voyage, elle se retirera du monde pour vivre mystique et recluse dans son appartement parisien. Le temps d'une escapade venitienne, Zoe Valdes se glisse dans l'ame tourmentee de Dora Maar, cette femme capable de tout par amour, et nous livre un roman ardent et subtil sur la passion amoureuse sans limite.



La petite femelle de Philippe Jaenada

Au mois de novembre 1953 débute le procès retentissant de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette beauté ravageuse dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché avec les Allemands, a été tondue, avant d'assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'une jeune fille libre qui revendique avant l'heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ? Personne n'a jamais voulu écouter ce qu'elle avait à dire, elle que les soubresauts de l'Histoire ont pourtant broyée sans pitié. Telle une enquête policière, La Petite Femelle retrace la quête obsessionnelle que Philippe Jaenada a menée pour rendre justice à Pauline Dubuisson en éclairant sa personnalité d'un nouveau jour. À son sujet, il a tout lu, tout écouté, soulevé toutes les pierres. Il nous livre ici un roman minutieux et passionnant, auquel, avec un sens de l'équilibre digne des meilleurs funambules, il parvient à greffer son humour irrésistible, son inimitable autodérision et ses cascades de digressions. Un récit palpitant, qui défie toutes les règles romanesques.




La terre qui penche de Carole Martinez

Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.



Le maître des apparences de Jane Gardam

Filth fut pendant des années un avocat international de renom a Hong Kong. Mais il fut aussi un de ces enfants appelés « Orphelins du Raj » né dans l'empire britannique en Malaisie et rapatrié tout jeune en Angleterre pour être éduqué.
En déroulant sa vie ainsi que celle de sa femme Betty, Jane Gardam nous raconte la gloire de l'empire, la Seconde Guerre mondiale jusqu'au debut du XXIe siecle. Mais elle réussit aussi à éclairer la complexité de son héros que l'on appelle alternativement Eddie, le juge, fevvers, Filth, le maître de l'Inner Temple et sir Edward Feathers.

« Un veritable chef d'oeuvre, l'un des romans les plus émouvants que j'aie lu depuis des années. » The Guardian






Les nuits de laitue de Vanessa Barbara

Otto et Ada partagent depuis un demi-siècle une maison jaune perchée sur une colline et une égale passion pour le chou-fleur à la milanaise, le ping-pong et les documentaires animaliers. Sans compter qu’Ada participe intensément à la vie du voisinage, microcosme baroque et réjouissant.
Il y a d’abord Nico, préparateur en pharmacie obsédé par les effets secondaires indésirables ; Aníbal, facteur fantasque qui confond systématiquement les destinataires pour favoriser le lien social ; Iolanda et ses chihuahuas hystériques ; Mariana, anthropologue amateur qui cite Marcel Mauss à tout-va ; M. Taniguchi, centenaire japonais persuadé que la Seconde Guerre mondiale n’est pas finie.
Quant à Otto, lecteur passionné de romans noirs, il combat ses insomnies à grandes gorgées de tisane tout en soupçonnant qu'on lui cache quelque chose…

Tissé de trouvailles cocasses et volontiers délirantes, ce roman plein de finesse et d'énergie nous emporte allègrement, avec sa petite bande de joyeux doux dingues, tout en se jouant des codes du roman policier.





Orféo de Richard Powers

Le plus beau roman sur la musique depuis...
Le temps où nous chantions.

Un soir, la police sonne à la porte de Peter Els, un compositeur solitaire à la vie bien rangée. La Sécurité nationale veut l'entendre à propos d'une infection bactériologique suspecte dans un hôpital voisin. Bien qu'il n'ait rien à voir avec cette affaire, Peter, affolé, prend la fuite. Et la rumeur commence à enfler, relayée par Internet et les médias, on le soupçonne d'être un terroriste. En quelques jours, sa vie bascule. Durant son long voyage à travers le pays, Peter va mettre à profit cette mésaventure pour renouer avec toute la puissance de son art, qu'une existence trop tranquille avait émoussé.


Péchés capitaux de Jim Harrison

A la suite de son enquête sur la secte du Grand maître, l'inspecteur Sunderson, désormais à la retraite et séparé de sa femme, n'aspire qu'à se mettre au vert dans un bungalow de pêche du Nord Michigan. Aussitôt installé, il découvre que ses voisins, la famille Ames, sèment la terreur et le chaos dans toute la région. Les autorités locales avouent depuis longtemps leur impuissance face à ce clan qui vit en dehors des lois et dont les membres semblent abonnés à la rubrique des crimes les plus crapuleux, parmi lesquels viols, incestes et possession d'armes de guerre, sans jamais être sérieusement inquiétés. Il se lie pourtant d'amitié avec l'un d'eux qui lui demande son aide pour rédiger un polar surpeuplé de meurtres qui ne semblent pas tous être de pures inventions. Sunderson décide que la coupe est pleine quand la jeune Lily Ames, qu'il employait comme femme de ménage, est assassinée. Il ne va pas pouvoir longtemps se contenter de disserter sur les sept péchés capitaux (parmi lesquels il place la luxure au plus haut) face à ce déferlement de crimes et de violences qui menacent de l'empêcher de pêcher selon les règles de l'art.


Petit piment d'Alain Mabanckou

L'histoire de Petit Piment, un jeune orphelin effectuant sa scolarité dans une institution d'accueil catholique. Lors de la révolution socialiste, il en profite pour s'évader. Adolescent, il commet toutes sortes de larcins. Il trouve refuge auprès de Maman Fiat 500 et de ses dix filles. Mais de nouvelles épreuves lui feront perdre la tête.


Récits du Demi-Loup tome 1 : Véridienne de Chloé Chevalier

Au bord de l'implosion, le royaume du Demi-Loup oscille dangereusement entre l'épidémie foudroyante qui le ravage, la Preste Mort, les prémisses d'une guerre civile, et l'apparente indifférence de son roi. Les princesses Malvane et Calvina, insouciantes des menaces qui pèsent sur le monde qui les entoure, grandissent dans la plus complète indolence auprès de leurs Suivantes. Nées un jour plus tard que les futures souveraines auxquelles une règle stricte les attache pour leur existence entière, les Suivantes auraient dû être deux. Elles sont trois. Et que songer de la réapparition inopinée du prince héritier, Aldemor, qu'une guerre lointaine avait emporté bien des années auparavant ? Avec lui, une effroyable réalité rattrape le château de Véridienne, et le temps arrive, pour les Suivantes et leurs princesses, d'apprendre quels devoirs sont les leurs.Scénariste dans le domaine du cinéma, gérante d'une petite maison de production de courts métrages, les Films d'Argile, Chloé Chevalier est une jeune parisienne qui fait ses débuts dans le roman avec un cycle ambitieux, les Récits du Demi-Loup. Si l'on pourra rapprocher son inspiration d'un Alexandre Dumas et d'un G.R.R. Martin, l'auteur pour sa part revendique surtout Robin Hobb comme influence de son envie d'écrire.



Ressources inhumaines de Frédéric Viguier

« La vie d'un hypermarché bat au rythme de l'humanité manipulée.
Et cela fait vingt ans qu'elle participe à cette manipulation. »
Elle attend et n'exige rien du destin. Elle laisse glisser les heures, elle ne participe pas, elle est là, peu influente, jamais déterminante et sans rancune. Elle est en parallèle, attentive, mais pas impliquée.
« Elle », c'est cette jeune femme de 22 ans qui entre comme stagiaire au rayon textile d'un hypermarché, pour y devenir très vite chef de secteur. C'est cette « femme sans qualité » dénuée d'ambition, qui cherche juste à combler le vide abyssal de sa vie. En acquérant un statut, elle quitte les rives de son existence banale pour faire enfin partie d'un monde. Celui de la grande distribution. Univers absurde, construit sur le vide et les faux-semblants.

Frédéric Viguier signe un premier roman implacable, glaçant et dérangeant sur l'inhumanité de l'entreprise et l'indifférence ambitieuse. Au vide moral, affectif et intellectuel de son héroïne, il répond d'une écriture sèche et minimaliste. D'une lucidité cruelle mais sans cynisme, Ressources inhumaines donne à voir avec subtilité et intelligence les mécanismes de notre société de consommation.


Soundtrack d'Hideo Furukawa

Fin du XXe siècle. Deux enfants, un garçon et une fille, se retrouvent échoués sur une île déserte dans le Pacifique. En deux années, ils développent des techniques de survie et de communion avec la nature, proches du chamanisme. Devenus grands et rendus à la civilisation, ils découvrent un Tokyo transformé par le réchauffement climatique et l'immigration clandestine. Envahi par une végétation tropicale et des colonies de corbeaux à gros bec. Où il vont devoir apprendre à survivre, sur les décombres de la société des hommes.

Ce roman d'une puissance imaginaire stupéfiante, à l'écriture fiévreuse comme un long solo de guitare rock, emprunte les codes de la science-fiction pour mieux dynamiter la fiction tout court.
Sa forme est celle d'une spirale qui se resserre et tourne de plus en plus vite. Pour Furukawa la littérature est une arme, une tornade qui emporte tout, et Soundtrack le roman fondateur de toute son oeuvre.



Une forêt d'arbres creux d'Antoine Choplin


TEREZIN, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, décembre 1941.
Bedrich arrive dans la ville-ghetto avec femme et enfant. Il intègre le bureau des dessins.
Il faut essayer de trouver chaque matin un peu de satisfaction en attrapant un crayon, jouir de la lumière sur sa table à dessin, pour enfin s'échapper du dortoir étouffant, oublier la faim, la fatigue et l'angoisse.
Chaque jour se succèdent commandes obligatoires, plans, aménagements de bâtiments. Chaque nuit, le groupe se retrouve, crayon en main, mais en cachette cette fois. Il s'agit de représenter la réalité de Terezin sans consigne d'aucune sorte.
Et alors surgissent sur les feuilles visages hallucinés, caricatures. Tout est capté et mémorisé la nuit puis dissimulé précieusement derrière cette latte de bois du bureau des dessins.
Antoine Choplin est l'auteur de Radeau, du Héron de Guernica et de La Nuit tombée (prix France Télévisions 2012).

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