lundi 10 novembre 2014

Acquisitions de romans


Ce qui reste de nos vies de Zeruya Shalev

Hemda Horovitz vit sans doute ses derniers jours à l'hôpital de Jérusalem. Ses deux enfants lui rendent visite mais ce sont bien les souvenirs du passé qui accompagnent chaque geste, chaque détail au seuil de la mort. Il y a par exemple l'image de ce lac, près du kibboutz où Hemda est née, qui s'impose encore avec force à sa conscience. Les traces plus douloureuses de sa longue vie aussi, qui se glissent dans sa mémoire sans qu'elle puisse s'en libérer : son père trop exigeant, un mariage sans amour, puis cette difficulté à aimer équitablement ses deux enfants, Avner et Dina. Ces deux derniers passent beaucoup de temps avec leur mère depuis l'hospitalisation. Avner, le fils adoré, y rencontre une femme venue dire au revoir à son mari mourant, et entame une étrange relation avec elle. Quant à Dina, la fille mal aimée, elle ne sait comment gérer l'éloignement de sa propre fille pour qui elle a pourtant sacrifié sa carrière. Débordée par le besoin de donner cet amour à quelqu'un, elle se met en tête d'adopter, envers et contre tous. Son désir inébranlable de renforcer son foyer pour y accueillir un autre enfant risque bien de faire éclater sa famille. Zeruya Shalev sait parler comme personne des relations mystérieuses qui se tissent entre parents et enfants. Dans une langue puissante, elle évoque la colère, le ressentiment, la frustration et la peur qui construisent les familles autant que l'amour et le bonheur d'être ensemble. Ce qui reste de nos vies est certainement son roman le plus envoûtant.







La patience du franc-tireur d'Arturo Pérez-Reverte

Pour Sniper, graffeur au talent exceptionnel et mondialement reconnu, l'art véritable ne peut en aucun cas être confondu avec une marchandise. Son travail sur les murs, les autobus, les wagons de métro, les bâtiments historiques, est une façon violente d'exprimer ses positions "antisystème". De Madrid à Lisbonne, Vérone, Rome et Naples, celui dont personne n'a jamais vu le visage et dont la signature est la mire d'un fusil organise avec des graffeurs du monde entier des performances stupéfiantes et illégales. Certaines d'entre elles, particulièrement périlleuses, ont coûté la vie à plusieurs de ses compagnons. C'est le cas de Holden, un jeune graffeur, fils d'un puissant homme d'affaires espagnol, tombé d'un toit en essayant de mener à bien une réalisation artistique. Le père de Holden a mis la tête de Sniper à prix. Alejandra Varela, la narratrice du roman, historienne de l'art urbain, a été chargée par un important éditeur de trouver Sniper afin de lui proposer une grande rétrospective de son oeuvre au MoMA et d'éditer un livre sur lui. Elle le traque en Espagne puis en Italie et va très vite être prise dans un piège mortel en comprenant quels sont les véritables objectifs de cet artiste radical. Ce splendide et passionnant thriller, véritable réflexion sur l'art de la rue, pose aussi la question des rebellions d'aujourd'hui contre nos sociétés soumises aux lois de la finance.



Charlotte de David foenkinos 
Prix Renaudot 2014


Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant: "C'est toute ma vie." Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.


Révolution sous le voile de Clarence Rodriguez

Vu de France, où l'on compte beaucoup sur les idées toutes faites, rien ne bouge en Arabie Saoudite, société religieuse et conservatrice par excellence. Certes, la Charia y est toujours en vigueur, la police religieuse veille dans les rues et les exécutions publiques ont lieu le vendredi. Pourtant, des femmes refusent l'ordre établi et revendiquent plus de droits, d'autonomie, de liberté, souvent à leurs risques et périls. Clarence Rodriguez vit et travaille depuis 8 ans à Riyad et a rencontré la plupart de ces femmes militantes dans une société qui les nie au point qu'elles n'y ont aucune existence légale ni aucun droit. Après avoir gagné leur confiance, elle les a longuement interrogées pour leur donner l'occasion de parler de leurs luttes, de leurs revendications, de leurs victoires mais aussi de leurs échecs, aux femmes des autres pays du monde. De la blogueuse interdite de blog à la photographe interdite d'appareil photo, leur détermination n'a d'égal que leur grand courage. La propre fille de l'actuel roi, véritable voix des femmes saoudiennes auprès du souverain, a accepté de parler librement de ces combats et la place qu'elle veut y prendre. Ces témoignages nous montrent qu'il se passe beaucoup de choses sous ces voiles noirs hermétiquement clos, et que les saoudiennes, certes à pas de fourmis, repoussent chaque jour la loi des hommes pour gagner une vie digne et amener la société où elles vivent à les respecter. Des témoignages bouleversants qui changeront, c'est sûr, notre regard sur ces femmes voilées.





Les suprêmes d'Edward Kelsey Moore

Elles se sont rencontrées dans les années 1960 et ne se sont plus jamais quittées : tout le monde les appelle "les Suprêmes", en hommage au célèbre groupe des années 1970. 
Complices dans le bonheur comme dans l’adversité, ces trois irrésistibles "quinquas" afro-américaines aussi puissantes que fragiles ont fait d’un des restaurants de leur petite ville de l’Indiana.
Longtemps marquée par la ségrégation leur quartier général où, tous les dimanches, entre commérages et confidences, rire et larmes, elles élaborent leurs stratégies de survie et se gavent de poulet frit. Rendez-vous avec vos futures meilleures amies.


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